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La race d’un chat détermine-t-elle son comportement ?

La race d'un chat détermine-t-elle son comportement ?

On entend souvent dire que telle race de chat est à éviter si on est en appartement, que si on veut un chat câlin il faut s’orienter sur ces races et pas sur celles-ci.
On associe souvent des caractères ou comportements aux différentes races de chat. Mais qu’en est-il vraiment ? Races et comportement sont-ils liés ?

Histoire du chat et des races de chats

De la coexistence à la domestication

Le plus ancien félidé découvert à ce jour est le proailurus. Il vivait en Eurasie il y a 25 millions d’années. Au Miocène, vers 1,8 millions d’année, une lignée évolutive donne naissance aux félidés actuels : les pantherinae (regroupant les grands félins d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud à l’exception du puma et du guépard) et les felinae (regroupant aujourd’hui pumas, guépards, lynx, et chats domestiques ou sauvages) .

Le genre Felis apparait il y a 6 millions d’années environ. La spéciation du genre Felis serait largement due à des isolements géographiques de populations.

The cat family tree

Les premières preuves de relations étroites entre l’homme et le chat proviennent d’un jeune chat sauvage enterré près d’un humain à Chypre il y a 9 500 ans.

Le processus de domestication des chats pose encore question. On pense que les chats sauvages du Proche-Orient ont été attirés par les sources de nourriture dans les premières colonies agricoles du Croissant fertile, il y a 8000 ans, suivant une voie commensale vers la domestication. En effet, l’Homme se sédentarisant, il développe l’agriculture et les lieux de stockage pour les aliments, ce qui attire inévitablement les rongeurs. Le chat devient donc utile pour l’Homme, et inversement.

Mais les premiers chats domestiques dans l’art égyptien n’apparaissent qu’il y a 4 000 ans. Il manque des preuves de la période clé de la domestication des chats entre 9 500 et 4 000 ans.

La pensée actuelle met l’accent sur le fait que la domestication découlerait de la relation mutualiste entre les humains et les animaux, avec des changements microévolutifs résultant d’une sélection naturelle favorisant les chats capables de cohabiter avec les humains.

Si des analyses génétiques affirment que les populations locales de chats sauvages ont conservé des signatures génétiques qui les lient à leurs régions respectives, en revanche les chats domestiques du monde entier transportent des génotypes qui les distinguent de tout les chats sauvages locaux sauf ceux du Proche-Orient.

Contrairement à ce que l’on pourrait donc penser, l’ancêtre de notre chat domestique est bien Felis lybica (le chat sauvage africain ou chat ganté, existant encore aujourd’hui en Afrique), et non Felis silvestris, le chat sauvage européen.

La sélection des chats et l'apparition des races

Voies migratoires des populations félines_cooncept.fr
http://www.cooncept.fr/origines.php

La dispersion des chats domestiques et de leurs phénotypes associés est vraisemblablement associée au départ au commerce par bateau, puis aux voyages, découvertes et colonisations.

Ils atteignirent la Chine via la Mésopotamie et arrivèrent en Inde par terre et par mer. C’est alors qu’intervint un phénomène intéressant. Comme en Extrême-Orient il n’existait pas de chats sauvages natifs avec lesquels les nouveaux arrivants auraient pu se croiser, les chats domestiques d’Orient ont évolué d’une façon particulière. De petits groupes isolés de chats domestiques orientaux ont progressivement subi un processus de dérive génétique, par opposition à l’intervention humaine.

Ainsi apparurent plusieurs races de chats : Korat, Siamois, Birman et autres « races naturelles ». Elles furent décrites par les moines bouddhistes thaïs dans un ouvrage : Le Tamara Maew ou « Livre des poèmes de chats » datant de 1350. L’ancienneté supposée de ces races est étayée par des études génétiques récentes. Marilyn Menotti-Raymond, de l’Institut américain du Cancer, et Leslie Lyons, de l’Université de Californie à Davis, ont montré que les différences génétiques entre les races européennes et les races orientales actuelles correspondent à 700 ans d’élevage indépendants.

Bien que l’Homme n’ait joué qu’un rôle mineur dans le développement des races naturelles en Orient, la sélection et et la production de nouvelles races n’a commencé que relativement récemment. Même les Égyptiens, qui étaient de grands éleveurs de chats, ne semblent pas avoir sélectionné des traits visibles, probablement parce que des variantes distinctives n’étaient pas encore apparues : dans leurs fresques, les chats sauvages et les chats domestiques sont représentés comme ayant le même robe tigrée.

Au XVIIIème siècle, le naturaliste suédois Linné dresse le premier inventaire des races de chats. Il en distingue quatre : le chat domestique (Catus domesticus), le chat d’Angora (Catus angorensis), le chat d’Espagne (Catus hispanicus) et le chat des Chartreux (Catus coeruleus). Il faut attendre le XIXème siècle pour que cette classification soit agrandie avec l’ajout de nouvelles races chinoises et japonaises.

Selon les experts, la plupart des races de chats modernes seraient apparues au XIXème siècle dans les îles britanniques.

En 1871, les premières races sélectionnées de chats de compagnie furent présentées lors d’une exposition féline, au Crystal Palace de Londres. Un persan remporta le premier prix. Un siamois fit sensation. Cette exposition marque le début de la définition des standards des races. En France, la première exposition fut organisée par le Cat Club en 1925.

Le nombre de races félines n’a ensuite cessé de croître, passant de 8 races en 1900 à près d’une centaine aujourd’hui, dont 74 officiellement inscrites au Livre Officiel des Origines Félines (LOOF).

De nouvelles races naissent encore de nos jours. C’est le cas du Lykoï, apparu en 2010 aux Etats Unis, suite à une mutation génétique naturelle d’un chat « de gouttière ». Une éleveuse s’y intéressa et développa la race. Elle a été importée en France en 2013 et reconnue par le LOOF en 2019.

Des croisements, plus ou moins controversés, entre des chats domestiques et des félins sauvages ont aussi été réalisés. Ces races séduisent par leur physique particulier et leur exotisme : le Savannah (X Serval), le Bengal (X Léopard d’Asie), Chausie (X Chaus égyptien), Caracat (X Caracal). Il y a plusieurs degrés d’hybridation, le F1 étant le 1er degré, dont certaines races sont interdite à la vente.

chat lykoï
Chat Lykoï - Lyly de LHAVIYANI

Les paramètres qui influent sur le comportement du chat

Le comportement du chat est déterminé par différents facteurs :
  • les facteurs internes ou génétiques,
  • les facteurs externes ou environnementaux ou épigénétiques (environnement, expériences) qui peuvent survenir pendant la période prénatale et, surtout, pendant la période postnatale.

La génétique

Chaque chat a son caractère et des comportements qui lui sont propres, mais tous les chats partagent certains comportements propres à l’espèce « chat ».

Plusieurs comportements sont présents dès la naissance : certains dureront toute la vie (par exemple bailler), alors que d’autres disparaitront plus tard (par exemple le réflexe de succion). D’autres comportements apparaitront plus tard : certains dureront toute la vie (par exemple le marquage urinaire), d’autres pourront disparaitre (par exemple la crainte de l’être humain).

Les réflexes comme le réflexe de succion ou la locomotion sont innés, mais la majorité des comportements est principalement acquise.
Les caractéristiques d’une race en matière de comportement sont plutôt le fruit du choix des éleveurs quant à leurs reproducteurs, et la transmission génétique joue ici un rôle moins important que l’environnement.
En revanche, les caractéristiques physiques du chat (taille, couleur, forme des oreilles, longueur des poils, …) sont très fortement sous l’influence de la génétique.

1. La race

Chez le chat, l’influence de la race est bien moins importante que chez le chien, où il y a un plus grand polymorphisme racial.
En effet, les races de chiens ont été sélectionnées par rapport à la motivation et à des patrons moteurs (chasse, garde de troupeau, défense…).

Il n’y a pas d’études scientifiques ou objectivées sur la similarité des caractères des chats de même race.

Selon le Docteur vétérinaire Joël Dehasse « Même si on arrivait à décrire une psychologie moyenne dans une race, on aurait une plus grande variabilité psychologique au sein d’une même race qu’entre les races ».

2. Les gènes du père et de la mère

Le père n’est que très rarement présent lors du développement des chatons. Son influence génétique est plus facile à évaluer que celle de la mère, puisque cette dernière, en élevant les petits, influe par un effet « milieu » sur leur comportement.

Une étude datant de 1995 (MC CUNE S.) portant sur 4 groupes de chatons (socialisés à l’homme et de père sociable, non socialisés à l’homme et de père sociable, sociabilisés à l’homme et de père asocial, et non socialisés à l’homme et de père asocial) a essayé de mettre en évidence cette influence paternelle.

Il en ressort que les chatons socialisés et/ou de père sociable s’approchent volontiers d’une personne connue et montrent moins de crainte lors d’un contact avec une personne inconnue. Seul les chatons nés de pères sociable seront moins apeurés lors de la découverte d’un nouvel objet. Un père sociable a donc un effet positif sur la socialisation et sur l’absence de crainte vis à vis d’une situation inédite.

L'environnement

1. Pendant le développement embryonnaire

Le sens tactile du fœtus se développe dès le 21ème jour de la gestation. Il n’entend pas mais perçoit les vibrations.
Les émotions maternelles semblent être perçues par le fœtus. Par contact, on a pu observer que les chatons réagissent aux manipulation maternelles par des mouvements de retrait. Il semblerait qu’en cas de stress de la mère, les hormones de stress circulent jusqu’aux chatons par voie sanguine et pourraient stimuler les surrénales des chatons. L’influence post-natale reste à préciser.

manipulation chatte gestante
2. Post-naissance

Le chaton nait sourd et aveugle. Ses seuls sens actifs sont le toucher et le goût. L’ouïe, l’odorat et la vue se mettent en place dans les jours qui suivent.

S’ensuit un développement sensorimoteur dans lequel l’environnement joue un rôle primordial. Plus les stimuli (sonores, visuels, tactiles et olfactifs) seront nombreux, plus les connexions entre les neurones seront importantes et plus le chaton pourra s’adapter à son futur environnement.La période de socialisation commence à 15 jours pour se finir à 2 mois. 

Les effets de la manipulation pendant la période de socialisation sur le développement ultérieur de problèmes de comportement et le lien chat-propriétaire ont été étudiés chez des chatons hébergés dans des refuges (Casey et Bradshaw, 2008). Trente-sept chatons dans trois refuges ont reçu soit une socialisation standard, soit une socialisation renforcée entre 2 et 9 semaines. Tous les chatons ont ensuite été adoptés et leurs propriétaires ont été interrogés lorsque les chats avaient environ 1 an. Les propriétaires de chatons socialisés de manière renforcée ont signalé un lien émotionnel significativement plus élevé de la part de leurs chats, et une proportion moindre de ces chats ont manifesté de la peur envers les humains, par rapport aux chats qui avaient reçu une socialisation standard. Le sevrage alimentaire se produit vers 2 mois. Entre 4 et 5 semaines, le chaton, en jouant avec sa fratrie, sa mère, ou d’autres congénères, apprend les auto-contrôles (contrôles des griffures et des morsures).

Les races de chats et le caractère qu'on leur prête

Comme on a pu le voir, la génétique, bien qu’ayant une part dans le comportement du chat, sera moins importante que l’environnement dans la prédictibilité de son caractère.

Néanmoins, il est coutume de décrire les caractéristiques comportementales de certaines races de chats . Ces particularités sont issues de questionnaire des éleveurs et juges de race qui ont un avis subjectif, variant d’un pays à l’autre.

Le LOOF décrit lui-même certains « types comportementaux« :

  • Les « paisibles » : le Persan, l’Exotic Shortair, Le British, le Ragdoll
  • Toujours présents sans être envahissants, ils offrent une alternative apaisante à ceux qui sont stressés par la vie moderne et qui veulent se ressourcer à leur contact.

  • Les «sentimentaux » : le Maine Coon, le Chartreux, le Sacré de Birmanie, le Norvégien, le Russe
    Equilibrés et sensibles, ils sont parfaits pour la vie en famille, adaptant leur comportement à celui des tous les membres de la maison.

  • les « démonstratifs » : le Siamois, l’Oriental, l’Abyssin, le Sphinx, le Bengal
    Actifs et même bavards pour certains, ils sont très attachés à leur maître. Ils détestent l’indifférence et demandent toute votre attention pour être heureux, mais alors… quel bonheur partagé !

Choisir son chat

En tout état de cause, quand vient l’heure de choisir le chat qui nous accompagnera de longues années, le critère premier est souvent le physique.

Si vous deviez choisir un chat de race, prenez le temps de trouver le bon éleveur. Renseignez vous sur les parents, sur la manière dont les chatons sont éveillés au monde qui les entoure, sur la manière dont ils sont sociabilisés. Sachez toutefois que vous pouvez trouver des chats très typés (à poils longs, au type siamois, aux yeux bleus, etc.) auprès d’associations et refuges.

Si vous faite les choix d’adopter un chat adulte en refuge, même si on ne connaitra pas forcément son passé, son caractère est en partie forgé et vous n’aurez que peu de mauvaises surprises. Un chat craintif dans un milieu de refuge peut même devenir totalement apaisé dans l’environnement que vous lui proposerez. Il pourra peut être se montrer plus peureux face à des nouveaux venus chez vous. Mais cela se travaille.

Si vous adoptez un chaton, là encore, n’hésitez pas à demander s’il a eu la chance de grandir auprès de sa mère et jusqu’à quel âge. Et si comme souvent il a été trouvé sans sa mère, demandez s’il ont pu être mis en contact avec des adultes ou encore s’il a grandi avec d’autres chatons, de la même fratrie ou non. Les chatons sont souvent mieux sociabilisés s’ils sont mis en famille d’accueil, et vous aurez la chance de trouver un chaton tout aussi équilibré qu’un chaton d’élevage !

Pour ceux qui voudraient adopter des chats et chatons adorables et qui sont placés en famille d’accueil en attendant leur famille pour la vie, je vous recommande l’association Sauvade, qui sauve des animaux du département de la Réunion.

Leurs chats sont adoptables en France métropolitaine.

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